2010-01-21

Cubain contre Non-Cubain?

En voici une bonne question, laquelle, vous vous en doutez, appellera une réponse nuancée du genre "ptet bin qu'oui, ptet bin qu'non", car si les cubains ont une réputation qui les précède, vous auriez tort de négliger les autres terroirs qui ont beaucoup à offrir.
Les vieux fumeurs de cubains ne cesseront pas de le répéter "Rien ne vaut un cigare cubain, le reste, c'est chiant, c'est pas bon".
Ils ont raison, oui, de leur point de vue, ça n'est pas faux du tout. Imaginez donc que vous ayez fumé pendant 25 ans que des cubains, forcément, si l'on te fout dans la gueule un cigare du Honduras, tu vas faire la gueule: c'est une question d'éducation du palais... et pourtant, ailleurs, y'a du très bon aussi.
Donc tous les gouts sont dans la nature, et cet article que j'essaie d'écrire, au fond, ne sert à rien....
Mais non! Car sur le titre "Cubain contre Non-Cubain?" j'ai mis un point d'interrogation! Plutôt que d'opposer on va essayer d'analyser et éviter les petites guerres du genre "Mac ou PC", Xbox ou Playstation", "fromage ou dessert"... nous valons mieux que ça.
L'objectif va donc de plutôt tenter de dire les différences que l'on retrouve en général entre ces deux types de cigares et non pas de dire si je préfère tel ou tel terroir.
Je ne vais pas que m'inspirer de mes propres expériences mais aussi de celles de mes amis amateurs de cigares avec lesquels nous dissertons régulièrement sur le sujet.
Avant de commencer, je voudrais rendre un tout petit hommage à Mr Malek du Cubana (non, il n'est pas mort, il est bel et bien vivant à l'heure ou j'écris ces lignes), qui ne jurant que par le cubain, et en particulier Cohiba, a admis sur un cigare du Nicaragua que je lui ai fait gouté qu'il était très bon et qu'il pourrait tout à fait le confondre avec un Cohiba, donc à son gout... QUEL COMPLIMENT!
Alors pourquoi faire une séparation entre Cuba et les autres? Pourquoi pas faire Cuba contre Nicaragua, puis Nicaragua contre Honduras, etc. Je n'en sais rien... c'est comme ça. L'imaginaire cigare est tellement lié à Cuba qu'on finit par lui opposer d'office le reste du monde.
Commençons par Cuba: le cigare cubain, c'est une histoire d'amour... tu l'aimes, tu lui pardonnes même ces défauts que tu trouverais impardonnables chez les autres. Une cape un peu rêche? C'est pas grave ma chérie, ça ira mieux demain. Un tirage déplorable? Ca arrive, c'est énervant, mais on sait qu'il faut parfois s'y attendre... au pire je te ferais une petite infidélité... mais je reviendrais à toi. Voilà les quelques défauts que l'on retrouve chez les cubains... parfois le cigare a pas une super gueule, mais surtout, j'insiste, le gros soucis avec les cubains, ce sont les soucis de constructions qui reviennent régulièrement. Ah les salauds, je m'en souviens encore... J'étais allé acheter un cigare, un Bolivar Inmensas, un dalia, donc un cigare pas très épais, sans être super fin, je coupe... une buche, totalement bouché, rien à faire. Pareil de temps à autre avec le Partagas Mille Fleurs, un petit corona. Idem avec quelques Double Corona du genre Gigantes, que pourtant j'adore totalement... ce qui augmente d'autant plus ma colère et ma frustration, et je ne parle même pas des Por Larranaga Montecarlo. Il faut savoir que les cigares sont supposés être testé pour vérifier leur tirage... je dis bien "supposés", car quand sur une boite, on tombe sur cinq ou six cigares bouchés, une seule conclusion s'impose: on se fout de notre gueule. A croire que lorsqu'il leur manque quelques cigares pour compléter une boite, il pioche dans les cigares rejetés par leur test de tirage... Et pour finir, sur une même boite, on a des cigares qui peuvent avoir des saveurs si différentes, à se demander si on fume le même cigare, c'est anarchique, chaotique, c'est la roulette russe à chaque allumage, je ne sais pas sur quoi je vais tomber.
Mais pourquoi j'y retourne? Car les cubains possèdent une évolution tout au long de la dégustation, une complexité et une richesse sans égale. Est-ce le terroir? Le savoir-faire? J'en sais rien... mais quand on a la chance de tomber sur un bon cubain, quel pied!
Il est d'ailleurs fort dommage qu'en ce début d'année, Habanos (la société cubaine de cigares) est réduit son catalogue en mettant à la poubelle certains des cigares les meilleurs, comme la série du connaisseur de Partagas dont j'ai parlé dans mon article sur le premier achat. Des cigares moins à la mode, pas assez épais et trop long... certains diront "pas assez bling bling". La mode est au petit gros... dommage... snif... on veut du gros dans la bouche et qui dure pas trop longtemps, par manque de temps.
Comment donc les cigares non-cubains tirent elle leur épingle du jeu? En quelques mots: régularité, construction, tirage, aspect. Oui, les cigares non-cubains, ont, en général, une plus belle gueule que les cubains... Attention, c'est une généralité qui ne signifie pas que les cubains sont moches. Encore récemment on m'a montré une boite de Partagas 898 absolument sublime et inversement, j'ai vu des cigares dominicains à l'allure dégueulasse, mais si tu ouvres cent boites de cubains et cent boites de non-cubains, tu auras plus de chance de tomber sur de beaux cigares en non-cubains. Mais la beauté ne fait pas tout, vient ensuite le tirage, et alors là, c'est tout de même le gros point fort des non-cubains. Mes potes et moi avons peut être de la chance, mais nous ne sommes jamais tombés sur un seul cigare non-cubain totalement bouché, au pire un peu résistant, mais rien de scandaleux, et si ça avait été un cubain, on ne l'aurait même pas relevé. Je finis sur la régularité; on n'a pas la même appréhension en allumant un non-cubain de savoir si on va fumer un truc bon ou pas, non pas que les cigares non-cubains soit tous bons, y'a de la merde aussi (certains diront même surtout), mais au moins, la merde non-cubaine, on la connait et on sait l'éviter, comme la cubaine d'ailleurs, là je vous parle de cigare que l'on connait, qu'on aime et dont la réputation n'est plus à faire auprès de nos papilles délicates.
Le défaut des non-cubains reste donc la linéarité... ouais, parfois on se fait un peu chier. Forcément, si on est accompagné, que l'on lit un livre ou que l'on matte les filles en terrasse (si, si, je sais que tu t'es reconnus), c'est pas grave, le cigare t'accompagne simplement, mais si comme moi, de temps en temps, tu veux déguster ton cigare, ça peut être plus gênant. Encore une fois, c'est une impression générale, ce n'est pas sytématique, y'a des cubains qui sont chiants comme la mort et des non-cubains qui sont enthousiasmant de diversité au cours de la dégustation... je repense à un Nicarao Anno IV Julieta 2 (du Nicaragua comme son nom l'indique) que j'ai fumé qui était une vraie petite promenade, entre des saveurs crémeuses, caramel, mocha... j'arrête, j'en bave encore. Une remarque sur les non-cubains que Carl d'Art Tabac m'a dite et qui n'est pas fausse: sur les non-cubains, les cigares nécessitent un temps de repos avec une humidification plus importante dans la cave afin qu'ils puissent pleinement développer leurs arômes, en allant jusqu'à plus de 80% d'humidité pour les Ashton VSG, pour 70% pour les cubains. Je suis pas un maniaque de l'humidification de la cave, mon critère principale étant de gouter pour voir si c'est bon.
Petite mention spéciale pour le Nicaragua. Je sais pas si c'est parce que c'est la main d'oeuvre la moins cher d'Amérique centrale que les marques s'installent de plus en plus sur place, mais le boulot qui y est fait est fabuleux... d'autant plus que ces marques ne délaissent pas les modules abandonnés par Cuba. Tant pis pour Cuba, on ira se fournir ailleurs...

Il se peut que vous ne soyez absolument pas d'accord avec ce que je viens d'écrire, et c'est NORMAL (et en plus je vous emmerde, j'écris ce que je veux)... mais je rappelle que ce sont des généralités qui ont bien sur leurs exceptions, alors ne venez pas me casser les glaouis avec des "Mais c'est n'importe quoi, j'ai gouté un cigare untel qui était comme-ci et comme-ça, etc"... c'est très bien pour vous, mais ce que je donne ce sont des pistes, un peu comme les cigares dont je donne le nom... ça peut être des pistes pour un(e) nouvel(le) amateur(trice).


3 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord avec votre analyse sur les cigares "made in Nicaragua". Je pense qu'ils n'ont pas fini de nous étonner!
    Concernant la gueguerre Cuba contre le reste de l'univers, je l'entend depuis 30 ans que je fume le cigare. Il y a des cigares bien faits et d'autres qui ne le sont pas, mais de la même manière que vous buvez tel vin avec certains plats, il y a des cigares différents pour des moments différents et qu'importe leur origine.

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  2. Cher Nicolas,

    Je viens de lire avec attention votre article, et je suis bien d'accord avec vous. Les cigares et Cuba, c'est un peu le vin et Bordeaux. Cela semble indissociable, tout le monde n'arrête pas de nous répéter que c'est là que l'on trouve les meilleurs crûs et vitoles, si bien qu'on finit nous-même par le clamer sur tous les toits... Peut-être à tort... ou pas !

    Je fume le cigare depuis peu. J'ai commencé avec les cubains, mais j'ai également testé à droite à gauche : Nicaragua, Honduras et Rep Dominicaine. À première vue, il semble que les cubains soient en effet ceux qui aient le plus d'arômes à offrir. Cependant, il serait sot de négliger les problèmes de tirage et d'esthétique sur certains modules. Je suis d'ailleurs tombé sur votre article en cherchant sur Internet une solution, ou au moins un diagnostic sur les problèmes de tirage, que je rencontre très régulièrement sur certaines marques (Fonseca, et San Cristobal de la Havana pour ne pas les nommer). Je comprends donc un peu mieux pourquoi j'ai fumé une "bûche" hier soir !

    En conclusion, je dirai qu'à l'image de l'économie mondiale, on commence à trouver d'excellents produits partout, et qu'il serait stupide de ne pas en profiter sous prétexte que les puristes affirment le contraire.

    Si vous avez des conseils, ne vous gênez pas pour m'en faire part. Je vous laisse à ce soin mon adresse e-mail : richard_fabbri @hotmail.fr.

    P.S : Les cigares Français (Navarre) m'ont semblé très corrects !

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  3. Article très intéressant !! Surtout pour un débutant comme moi, qui n'est donc pas encore "formaté" si je peux m'exprimer ainsi.

    Comme je le disais, je suis totalement débutant, j'ai 25 ans, avec à mon actif, seulement 2 cigares. Mon tout premier étant un cubain, le hoyo épicure N°2 et le second un dominicain avec un pléiades 20ème anniversaire (par contre je ne me rappelle pas le nom module). Bien que les 2 m'aient pleinement satisfait, je dois dire que j'ai davantage apprécié le pléiades, de par sa douceur et par la facilité de son tirage.

    Les conditions dans lesquelles je les ai dégusté (seul, avec un rhum vieux pour le premier, en famille, fin de repas avec un cognac pour le second) et mon statut de novice ne sachant pas encore déceller toutes les subtilités y sont, je pense, pour beaucoup.

    Quoi qu'il en soit, ces 2 expériences ont été concluantes et m'ouvrent un univers qui était pour moi encore inconnu et je n'ai qu'une hâte, me constituer un fonds de cave et découvrir tous les différents terroirs, sans aucuns préjugés.

    J'ai hâte de déguster mon premier spécimen du Nicaragua, dont on me vante de part et d'autres de mes connaissances et des différents forum, les qualités. Je vais d'ailleurs m'empresser, cher Nicolas, d'acquérir un Nicarao Anno IV Julieta 2 que tu as visiblement beaucoup apprécié.


    A bientôt

    Damien

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