Tu prends un cigare cubain, tu le humes, le touches... prometteur, tu le coupes... et là, impossible de le fumer, une bûche... le cigare est trop serré. Tu remets ça avec un autre, même punition. Il aura fallu attendre le troisième cigare pour enfin tomber sur un cigare fumable. Bref, c'est la loterie. En revanche, quand tu tombes sur un bon cubain, là tu ne regrettes pas... une complexité, une évolution que l'on ne retrouve que difficilement ailleurs. A force d'être déçu par les cubains, j'avais fini par ne fumer qu'essentiellement des non-cubains (et du Nicaragua surtout... le terroir qui monte!) car ailleurs, rares sont les soucis de ce genre... Mais voilà...
Rendez-vous chez Jean-Philippe... Qui est Jean-Philippe? Un ami... et c'est déjà ça...
J'arrive chez lui, Jean-Paul (un autre ami) est déjà présent.
C'est la première fois que j'avais l'occasion de venir chez lui. Son appartement est une sorte... de... vous voyez ces boutiques du genre "Cabinet de curiosités"? On s'en approche. On croit que c'est le bordel... et en effet, ça l'est, mais tout est pourtant bien agencé et organisé. Suffit d'en être l'architecte. Voilà! un architecte qui n'aurait pas conçu un lieu pour que les gens y vivent, mais un lieu pour que lui y vive... aux autres de s'adapter.
"Ma femme préfère les ambiances plus dépouillés, genre japonais-zen... c'est raté" nous dit-il.
Je confirme... c'est raté.
Mais notre petite assemblée ne s'est pas réuni pour digresser sur la décoration, mais pour un sujet autrement plus sérieux se résumant en une lettre et un chiffre: D3.
Non, il ne s'agit pas du dernier film de Jean-Jacques Beinex, suite improbable d'IP5 qui aurait en charge d'achever Belmondo après s'être occupé de Montand, mais d'un cigare... un cubain. Le Partagas D3, édition limitée 2006, un Corona Gorda. Tombé amoureux de ce cigare, Jean-Philippe en avait acquis un certain nombre de boites, nombre que la décence m'interdit de révéler.
L'armoire à cigare de Jean-Philippe est simplement un bonheur pour les yeux... surtout quand on sait qu'il ne s'agit que d'une partie de sa collection. Et pour y caser toutes les boites de cigares, il faut assurément avoir une parfaite maîtrise de Tetris.
Après avoir casser la croute "à la bonne franquette", précédé d'une dégustation de Pinot noir des Charentes (que je ne connaissais pas, et je regrette de ne pas avoir connu avant!), il nous a sorti une des boites de D3. On a quasi religieusement choisi nos cigares comme l'enfant de choeur son hostie. Le vin de messe fut un whisky Michel Couvreur. Jean-Philippe nous avertit "J'adore ce cigare, même s'il n'est pas très évolutif".
Coupage...
Allumage...
...
...
...
Cacao...
Boisé...
Cacao...
Torréfié...
Epices légères...
Cacao...
Encore...
Symphonie sur un thème de Cacao... Moment fabuleux...
Le tout sur une musique variant entre le Jazz et le Blues...
Lumière tamisée pour l'ambiance.
Je me revois en train de discuter et les volutes de fumée sortant de ma bouche cachant le visage de mes interlocuteurs.
Il a parlé de Jazz... j'y connais pas grand chose... et j'aime apprendre.
On a échangé.
On a ouvert une autre bouteille de whisky... Nikka Coffee grain 1992... Ceux qui connaissent apprécieront... j'ai apprécié. Ce whisky est une friandise.
On a parlé photo... j'y connais encore moins... et donc j'aime encore plus apprendre. C'est à ce moment que je me rends compte que le cabinet de curiosité est surtout un musée vivant de la photographie... Fascinant et Impressionnant.
Un autre cigare? OUI!
On continue sur Partagas avec le Salomon.... celui sans la bague Casa del Habano... tant mieux.
Je fais un geste que je voulais réaliser depuis longtemps. J'allume mon Salomon avec le foyer encore chaud de mon D3, façon fumeur de clope...
Là, ma bouche se remplit littéralement de parfum, je suis presque à saturation tellement c'est riche... et ça ne s'arrange pas durant la dégustation avec une puissance qui s'installe. On se rend compte que le cigare est si riche que le cerveau arrive à saturation d'informations...
Une seule solution: se laisser porter par le courant et ne plus réfléchir... chaque bouffée surpasse la précédente. Dans un cigare j'ai tout le savoir faire Partagas, toutes les saveurs de cette marque... C'est trop... mais c'est bon. Boisé, épices, cacao, réglisse, et je vous passe le reste...
Je regarde l'heure... Putain, plus de deux heure du matin! Je croyais qu'il était à peine minuit...
J'essaie de me lever...
Je réessaie de me lever...
Je prends congé de mon hôte et le remercie pour l'accueil, les cigares et sa présence... Tout à contribuer à ce moment. Moi et deux amis, quelques cigares, des moments rares et j'apprécie ma chance.
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Derrière les cigares cubains il y a une culture qui s'est enrichie pendant des siècles. Avez-vous visité l'île ?
RépondreSupprimerJe n'ai malheureusement pas eu l'occasion d'y aller... à mon grand regret (et ce rêve ne risque pas de se réaliser dans l'immédiat).
RépondreSupprimerLa culture du cigare est indéniable sur Cuba et je m'en remets à mes amis qui ont eu l'occasion d'y aller.
Ensuite un certain savoir faire s'est exilé avec les grandes familles qui sont partis ailleurs... en particulier au Nicaragua... et je m'en remets aussi à ceux de mes amis qui y sont allés.
Comme je le dis, quand on tombe sur un bon cubain, c'est fabuleux et difficilement atteignable dans les autre terroires... pour le moment (?)... mais l'irrégularité dans la production me semble inexplicable et injustifiable quand on voit qu'ailleurs ils n'ont pas ce genre de soucis.